Thon rouge : la Commission européenne obligée d’intervenir
car la France ne joue pas le jeu
La France refusant de rappeler au port les thoniers français qui avaient atteint leurs quotas de pêche, la Commission européenne a été obligée d’intervenir. Elle vient d’annoncer sa décision de fermer la pêche au thon rouge avant la fin de la saison. Greenpeace estime que cette décision ne résout rien et ne permet pas de sauver les derniers thons rouges.Régulièrement, la France ne joue pas le jeuComme en 2008, la Commission européenne a été obligée d’intervenir car la France ne joue pas le jeu. Depuis des années, les thoniers atteignent leurs quotas bien avant la fin de la saison de pêche. Chaque État européen est alors censé rappeler « ses » pêcheurs au port, ce que la France rechigne à faire… Cette année, la Commission européenne a donc, comme l’année dernière, stoppé la pêche avant la fin de la saison, les thoniers ayant atteint leurs quotas en quelques jours.
- Citation :
- « Cette année, la Commission européenne n’aurait tout simplement pas du autoriser d’opérations de pêche. En quelques jours seulement, les thoniers, qui opèrent à bord de navires suréquipés, ont capturé leur quota de thons rouges, et personne ne se montre trop pressé de les rappeler au port. Réglementer la pêche au thon rouge, c’est à peu près aussi simple que faire respecter des limitations de vitesse à des voitures dotées d’un moteur ultra puissant. »
, déclare
François Chartier, de la campagne Océans de Greenpeace France.
Cette décision ne résout rien, la farce des quotas continueAujourd’hui, la pêche européenne est officiellement fermée mais la farce des quotas continue. D’abord parce que les navires non européens ne sont bien sûr pas concernés par l’arrêt de la pêche décidé aujourd’hui par la Commission européenne. Pour mémoire, la flotte non européenne représente 40 % du quota de pêche fixé par l’Iccat, l’organisme international qui gère la pêche du thon rouge.
Pire : de nombreux armateurs européens, en premier lieu les français, disposent de thoniers senneurs sous pavillon libyen. Ils peuvent donc tranquillement pêcher dans les eaux libyennes, où les contrôles sont inexistants et où il est très facile de pêcher hors quota Iccat. Ces navires ne sont pas non plus concernés par la décision de la Commission européenne d’aujourd’hui.
- Citation :
- « La décision d’aujourd’hui ne permet pas de sauver le thon rouge, le système des quotas a fait la preuve de son inefficacité. Certes, avec les années, les contrôles se sont améliorés, la saison de pêche a été réduite, les quotas ont diminué… Mais tout cela reste très largement insuffisant au regard de la menace qui pèse sur l’espèce. En vingt ans de pêche industrielle, 80 % des thons rouges ont disparu. Pour 2010, les scientifiques de l’Iccat ont estimé qu’un quota de 8 000 tonnes ne laisserait qu’une chance sur deux au stock de se reconstituer. Or les thoniers ont été autorisés à pêcher jusqu’13 500 tonnes de poissons. »
explique
François ChartierLaissons les thons se reproduire en Méditerranée !L’espèce est aujourd’hui tellement affaiblie que, cette année, nous considérons que chaque prise est une prise de trop. La meilleure façon de protéger le thon rouge, c’est de le laisser faire ce pour quoi il vient chaque année en Méditerranée : se reproduire !
Restons mobilisés, et interpellons Bruno Le Maire !
Pour rappel, les thons rouges pêchés ces dernières semaines sont actuellement enfermés vivants dans de vastes cages et transportés dans des fermes d’engraissement où ils seront gavés pendant près de 6 mois puis abattus et expédiés dans leur majorité au Japon.
Une grande solidarité s’est exprimée, partout en France :Samedi 5 juin, les militants bénévoles de Greenpeace ont organisé une journée de mobilisation dans 21 villes de France. D’Avignon à Rouen, en passant par Brest, Clermont-Ferrand, Lyon ou Paris, les citoyens se sont largement mobilisés, grâce aux appels lancés sur les réseaux sociaux. Ils sont venus alimenter une pétition en images, afin de demander l’arrêt de la pêche à la senne au thon rouge et exprimer leur soutien aux militants de Greenpeace mobilisés en mer.
Photos, vidéos, signatures de la pétition pour interpeller Bruno le Maire, mais aussi information et dialogue avec les passants …. Le soutien aux « derniers thons rouges » s’est exprimé de multiples façons, lors de cette mobilisation, qui a pris une autre dimension suite à l’agression des militants de Greenpeace en mer la veille.. Les mots d’encouragements envers l’action non violente se sont multipliés.
A Marseille, des bénévoles de Greenpeace ont également été pris à parti par des pêcheurs mais la présence de nombreux passants a limité la portée de l’altercation.
Il y a urgence : -80% de thons en 20 ansDepuis avènement de la pêche industrielle, selon les scientifiques, le nombre de thons rouges adultes a diminué de 80%. C’est une des critères retenus par ces scientifiques pour considérer l’espèce comme menacée. :Si on n’arrête pas cette pêche aujourd’hui, l’espèce pourrait ne plus être en mesure de se reproduire et de tenir sa place dans l’écosystème dès 2012.
Les pêcheurs sont censés respecter des quotas, qui baissent chaque année mais demeurent bien au-delà des recommandations des experts. Le quota accordé pour 2010 s’élève à 13 500 tonnes, alors que les scientifiques de l’Iccat, l’organisation qui gère la pêche du thon rouge, estiment qu’avec une limite à 8 000 tonnes, on aurait seulement une chance sur deux de voir le stock se reconstituer d’ici à 2022.
La solution est politique : moratoire sur la pêche et réserves marines
La France a une des premières flottes de thoniers senneurs, avec 17 bateaux. Elle doit se calquer sur la position de l’Italie, qui a imposé un moratoire à ses pêcheurs industriels, et les indemnisera pour qu’ils restent à quai. Les pêcheurs sont victimes d’une gestion politique catastrophique de la pêcherie : le gouvernement français devrait les accompagner pour que cette profession n’agonise pas, acculée aujourd’hui à tenter de pêcher les derniers thons.. Greenpeace demande un moratoire immédiat sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit. Ainsi, le stock pourra se reconstituer et l’espèce pourra survivre.
Aujourd’hui plus que jamais, le soutien des citoyens français est nécessaire pour ouvrir les yeux des responsables politiques : vous aussi, agissez, interpellez avec nous Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture ci-dessous !
Greenpeace reste déterminée à agir de façon non violenteGreenpeace mène campagne pour la défense du thon rouge depuis une dizaine d’années, et depuis cinq ans en mer, pour surveiller les pratiques de pêche en Méditerranée. Plus que jamais les militants de Greenpeace feront tout leur possible pour sauver l’espèce pour empêcher cette pêche illégitime et l’appropriation d’une espèce emblématique par quelques uns.
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